Thursday, January 17, 2008

Entière

Ceux qui me suivent depuis plusieurs années vont doucement rigoler, mais je migre à nouveau dans ma Bergerie .

Ma Bergerie Dans La Lune n'est plus privée, plus réservée à quelques personnes sûres, au contraire libre de lecture, libre comme avant.

Il n'était pas tenable (d'ailleurs, je n'ai pas réussi) de réserver ma colère, ma tristesse et mon travail de deuil pour la Bergerie tout en faisant comme tout allait bien dans le meilleur des mondes chez Lili.

Non. Ma vie, c'est un tout. Je suis en particulier la mère de deux enfants qui ont été abusés physiquement et moralement, avec tout ce que ça implique.

Je suis la copine ou la collègue rigolote capable de sortir trois bêtises à la minute pour faire rire la galerie, puis, sans transition, de donner des frissons à toute l'assemblée en racontant l'horreur. Suite à une remarque, une anecdote, une interrogation. Je ne peux passer cette partie de ma vie sous silence, au quotidien comme dans l'un de mes blogs.

Je sais qu'ensuite, c'est tout ou rien. Ca fait fuir, parfois. Ca intrigue, souvent.
D'autres encore me voient telle que je suis, telle que nous sommes tous: multifaces.
Oui, mère en colère de deux enfants martyrisés, mais aussi copine ou collègue rigolote.

J'aime ma Bergerie, dont j'ai jeté les fondations il y a 3 ans, où j'ai raconté mon quotidien de maman solo. Et finalement, si une personne mal intentionnée proche de mon ex tombe dessus, elle n'apprendra rien de dramatique. Quant au dossier, chaque partie prenant connaissance de toutes les pièces de celui de la partie adverse, je n'ai au final rien à cacher.

Je vous attends donc là-bas.
(Je conserverai les deux adresses, au cas où.)

Wednesday, January 16, 2008

Un bébé...

J'ai un bébé tout neuf, je suis une heureuse jeune maman!
Ah ah, vous ne vous attendiez pas à une telle nouvelle je parie... remarquez, moi non plus.

J'ai reçu un avis de passage du facteur lundi, en rentrant du travail.
Un colis.

Un cadeau pour Nana dont c'est bientôt l'anniversaire?
Une amie qui voulait me faire une surprise? Mais laquelle?

J'avais hâte de percer le mystère, je me réjouissais à l'avance, quoi que ce soit, de qui que ce soit.

J'ai fait la queue une demie-heure à la Poste.

Et au bout du compte.... C'était une "boîte bleue", bien connue des jeunes parents, une boîte remplie de pub en tous genres pour les couches et les petits pots.

En rentrant, j'ai cherché le bébé que j'ai égaré par erreur quelque part dans la maison, mais je ne l'ai toujours pas trouvé!

Ce que je peux être désordonnée quand même :-D

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Wednesday, January 09, 2008

Marron!

Je suis de plus en plus effrayée par la politique menée par notre gouvernement. Effrayée, affolée et indignée. Mais bon, si mon indignation suffisait à changer quoi que ce soit...

Et puis, je suis issue d'une famille multi-militante (comprenez que mes parents sont militants au PCF et à la CGT, qu'ils participent à des meetings, vont distribuer des tracts, se sont déjà présentés sur des listes, et mon frère aînés est carrément élu municipal, ouaich) donc bref, les gènes m'ont rattrapée...

J'avais envie de faire quelque chose de concret, donc de me présenter sur les listes municipales, mais j'hésitais entre le vert et le rouge (le rose m'a trop déçu).

Finalement, et heureusement, il y a une sorte d'entente et une volonté de créer une liste de gauche... Je n'ai pas vraiment à choisir donc (même si officiellement, je suis affiliée au groupe communiste)... Je ne suis donc ni vert ni rouge, mais le mélange des deux, je suppose donc que c'est marron ;-)

Je vous donnerai des nouvelles... (Je ne me fais pas trop d'illusions, c'est une ville très ancrée à droite, mais je ne me retirerai pas de la vie politique malgré l'échec, moi - suivez mon regard)

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Tuesday, January 08, 2008

Aux frontières du réel

Dimanche matin, nous sommes allés faire des courses les enfants et moi - oui je sais, ce n'est pas bien de participer à l'exploitation des exploités de la grande distribution, surtout le dimanche matin mais on n'avait pas eu la possibilité avant.

Nous revenions vers notre logis, à pieds. Je tirais mon caddie à roulette orange, les enfants couraient en chahutant devant moi.
Nous remontions l'avenue Garcimore (mais non elle n'existe pas pour de vrai, du moins pas dans ma ville).
Nous avons croisé un papa gigantesque, marchant au pas de fourmi puisqu'il tenait un tout petit tout juste marcheur par la main. Un autre petit enfant marchait devant eux, un peu plus vite, j'ai eu peur que mes enfants le renversent au passage mais non, puis j'ai entendu le père lui demander de ralentir en l'appelant par son prénom, Alistair (huhu j'ai inventé aussi) parce que des voitures étaient susceptibles de sortir de la résidence devant laquelle il passait.

Hier, je discute avec une collègue avec laquelle je vais bosser presque jusqu'à la fin de l'année - on a intérêt à s'entendre quoi.
Elle habite rue Garcimore, dites, on est voisines!
Elle a un mari et deux garçons tous petits.
L'aîné s'appelle Alistair.

"J'ai vu ton mari hier!" me suis-je exclamé!
Tout correspondait: la description du mari, l'heure où je l'ai rencontré....

Y'avait combien de chances sur combien de millions qu'une telle aventure nous arrive?

Et ce n'est pas fini: ce matin, un collègue nous raconte qu'étant donné la description et le prénom de l'aîné des enfants, il pense avoir vu le mari et les rejetons près du manège la veille au soir.

On a vérifié auprès de la collègue, l'heure correspondait.

(Elle ne se sent pas épiée du tout, maintenant....)

Y'avait combien de chances sur combien de millions qu'une telle aventure nous arrive deux fois de suite?

(Dites, on dirait que je reblogue, non?)

Tuesday, December 04, 2007

En pause

Comme je l'ai suggéré dans un commentaire récent, je vais arrêter de bloguer... J'ignore combien de temps.

Je n'ai plus d'inspiration...
Je suis toute occupée à retenir les enfants sur le fil, et à ne pas déraper, moi.

Vivre est certains jours une telle lutte... Exige de moi une telle énergie, pour paraître heureuse et drôle... Qu'écrire, le soir, pour me sentir vivante... je n'y arrive pas.

On me demande souvent, ici ou là, si je vais bien.
J'ignore que répondre.

Je vais, et c'est déjà énorme. Bien ou mal, ce n'est plus le problème, et j'évite d'y penser.

Pas d'inquiétude, donc. Je suis là, pas loin. Jamais loin de ceux que j'apprécie...

Friday, November 30, 2007

Visage de la misère

Il était assis sur un pas de porte, rue de Rivoli à Paris.

Une affiche devant lui, quelques pièces de menue monnaie, une vois plaintive: "pour manger, s'il vous plait"

Nous nous arrêtons, je tire mon porte-monnaie. Pendant ce temps, un homme lui donne une pièce, le vieux mendiant le remercie, lui dit quelques mots, l'autre gêné répond, s'en va... Ma fille s'approche, lui glisse la pièce, le vieil homme m'interpelle: "j'ai dormi dehors, cette nuit"

Nous nous mettons à discuter, il m'explique une vie qui a dérapé, une vie de misère, "je suis déprimé" ajoute-t-il, en retenant difficilement ses larmes.
Je lui demande s'il s'est tourné vers des associations, oui, mais elles sont débordées, le Samu social ne peut le prendre avant plusieurs jours, les foyers d'accueil sont débordés aussi, "il y a trop de SFD".
Il a des projets, il est cuisinier et on lui a promis une place dans un restaurant lors des fêtes de fin d'année, et la sécu lui doit un gros remboursement.

Le soir, il va dormir dans une auberge de jeunesse. Mais il doit donner 17 euros pour cela, repas du soir et du matin compris.
Hier, il n'avait pas ses 17 euros. Il a dormi dehors, "en plus il a plu". Tout son espoir du jour réside en cela: rassembler 17 euros d'ici ce soir.
Bouleversée, je lui donne un peu plus... J'aimerais plus, tellement plus. Le sortir de là, lui, et tous les autres.

Beaucoup de visages de SDF me hantent, parfois des années après. Cette fois, c'est pire que ça. Lui me suivra longtemps. Tant qu'il me suivra, ça voudra dire que je suis prête à me battre, parce que je refuse qu'on vive dans une telle misère à notre époque.

Je me souviens de cette petite phrase du journaliste Pierre-Louis Basse sur Guy Moquet et la récente dispute idéologique à son sujet.
La vraie question, c'est celle-ci: sommes-nous dignes de Guy Moquet? Ce n'est pas pour ce monde-là qu'il s'est battu, ce n'est pas pour ce monde-là qu'il est mort.

J'ai quitté cet homme la honte au ventre. Ce soir, j'ai mangé, et je vais me coucher au chaud. Comment ne pas avoir honte?

La honte et la rage, aussi. Celle, salutaire, qui m'a fait décrocher le téléphone il y a quelques jours déjà. Celle qui me fait m'engager dans les domaines associatifs et politiques. Aujourd'hui, j'ai fait un pas de plus dans la révolte, mais aussi dans le combat, un pas concret dans le refus de la misère. Ce soir, lors d'une réunion, j'avais son visage à lui devant les yeux, et un énorme NON dans ma poitrine.

En ces périodes de fêtes de fin d'année, cessons de nous morfondre sur notre pouvoir d'achat qui baisse - je me demande d'ailleurs dans quelle mesure ce ne sont pas les médias qui ont inventé le fait que ce soit devenu l'obsession majeure des français... encore un arbre qui cache la montagne ça.
Je n'ai pas la possibilité de faire des cadeaux cette année, à peine pour mes enfants, et encore, en farfouillant dans les bourses aux jouets. Mais pourtant, pourtant.... Ma vie ne tient pas au fil de 17 euros quotidien...

Sunday, November 18, 2007

L'école fantôme

Vendredi matin, l'inspection me demande de me rendre à l'école bidule, rue bidule.

Quel bol! je suis déjà dans la bonne ville, presque garée face à mon école de rattachement. Je me gare sur le côté, sors mon classeur, farfouille à la recherche des plans de villes, trouve la bonne ville, cherche l'école... gnégnégné a pas l'école, la rue alors? non, inconnue aussi... Bien bien bien, je rejoins la grande artère qui traverse la ville, avise un plan, me gare là où il y a de la place. Il fait moins 5 degrés, je suis gelée, le panneau aussi. Je déchiffre difficilement, tente de gratouiller à l'endroit supposé de l'école supposée... Je ne trouve toujours pas.... Maudit gel! Je ne tiens plus, retourne à la voiture.

Je démarre, roule dans l'avenue, zieutant tous les panneaux... Rien n'indique l'école. Tiens? un autre plan de ville, mais dans l'autre sens évidemment... Je parviens péniblement à faire demi-tour 2km plus loin, parviens péniblement à me garer, et constate avec satisfaction que ce panneau là n'est pas gelé - quel veinard, on ne peut en dire autant de moi.
L'école n'existe pas, la rue non plus.

Bien bien bien... Mon instinct me dit d'aller vers la piscine et le collège. Mon instinct est aidé ma ma modeste connaissance de la petite ville, bien sûr- je ne vois pas d'autre endroit possible.

Donc direction piscine, je passe devant, passe devant le collège, continue, je m'engage manifestement dans une zone de constructions récentes et même en cours...

Soudain, un panneau m'informe que l'école existe bel et bien! un seul panneau, hein, et qui indique une direction imprenable pour cause de travaux...

Bon, au moins, ce n'est pas une blague de l'inspection - vous savez, un genre de bizutage- me reste plus qu'à trouver. Je tourne en tous sens dans cette zone en travaux, où des gens habitent déjà - je les plains.

J'avise un ensemble de bâtiments totalement hétéroclites, je passe devant, tourne encore.... finis par baisser les bras et demande - toujours congelée soit dit en passant - à une dame qui dégivre sa voiture.

L'école, c'est une des parties de l'ensemble hétéroclite susmentionné. Pour y accéder, tourner à droite. Sens interdit, évidemment... je me remets à tourner en rond, laisse ma voiture en plan, continue à pieds, enfin c'est une façon de dire, je n'ai plus de pieds, des glaçons à la place.
Je me dirige vers le truc qui ressemble le plus à une école dans l'ensemble bizarroïde, et soudain, victoire! Je constate qu'il s'agit bien d'une école, et bien de l'école bidule! Bien sûr, c'est écrit pas du tout visiblement, sinon on repère trop facilement.

J'ignore par où pénétrer dans le lieu, y'a des portails en tout sens, j'avance au hasard, finis par frapper à une porte... tiens? une classe... Ah, je dois aller en face, bon... Ca y est, je suis dans l'arène...

Lors de la récréation (dehors, toujours pas moins 5 degrés, alors que je venais de me réchauffer), tout en grignotant une pomme d'amour et en sirotant un café, j'apprends que le quartier commence à sortir de terre depuis 3 ans, mais que c'est loin d'être fini, et que donc la mairie attend la fin des constructions pour éditer de nouveaux plans, avec en particulier mention de l'école - faite à la va-vite, tellement que personne n'a tenu compte du nombre d'enfants susceptibles d'y être scolarisés à terme.

Malgré cette petite mésaventure matinale, j'étais bien contente, c'était LE remplacement que j'attendais depuis la rentrée des dernières vacances. Le reste du temps, je suis dans mon école de rattachement, à couvrir des livres ou à me planquer de la directrice qui ne m'a plus à la bonne depuis qu'elle a constaté que je suis copine avec ses deux ennemies.... Dallaaaaaaaaaaaaaaaas, oui, c'est tout à fait ça, c'est impitoyaaaaaaaaaable!